Le nourrissement des abeilles
ll- LES PRODUITS DE NOURRISSEMENT DE L’ABEILLE
Le nourrissement dépend de la race de l’abeille :
Il faut savoir que l’abeille noire locale (Apis Mellifera Mellifera) a un démarrage plutôt lent au printemps (donc gagnera peut-être à être stimulée), que l’abeille italienne (Apis Mellifera Ligustica) consomme beaucoup, tout comme l’abeille Buckfast d’ailleurs (donc aura besoin de davantage de provisions), que l’abeille caucasienne (Apis Mellifera Caucasica) hiverne plutôt mal - sensible à la nosémose - et a un départ printanier lent et tardif (donc gagnera peut-être à être stimulée), et que l’abeille carniolienne (Apis Mellifera Carnica) consomme relativement peu (donc nécessitera moins de réserves) et a une croissance très rapide en début de saison.
Le premier produit est bien sûr le miel :
Il est composé de glucides (sucres) en grande quantité : 78 à 80 %, représentés essentiellement par du fructose : 38 %,du glucose : 31 %,ainsi que du maltose, du saccharose et divers autres polysaccharides (mélibiose, turanose, mélézitose…).De l’eau : Variable selon la maturité du miel lors de sa récolte, max. 18 % Aliment énergétique par excellence, il n’est cependant pas exempt d’inconvénients :
• risque de transmission de maladies (loques en particulier, par le biais des spores),
• risque de pillage,
• risque de cristallisation,
• risque de fermentation, en particulier si on l’allonge d’eau et à plus forte raison si on utilise l’eau de lavage des opercules,
• son coût plus élevé que les autres produits de nourrissement.
Le sucre :
Il s’agit du sucre de canne ou de betterave qu’on trouve dans le commerce, vendu sous forme cristallisée. Il est composé presque exclusivement de saccharose, très attractif pour l’abeille.
Elle le stocke et le digère très facilement ; elle le transforme en glucose et fructose grâce à l’action d’une de ses enzymes : l’invertase ( fructosidase ).
L’administration se fait sous deux formes : sirop et candi. Le sirop peut être fabriqué ou acheté. Lorsqu’il est fabriqué, il est obtenu par dissolution du sucre dans l’eau. Le chauffage est même parfois indispensable (obtention de sirops très concentrés). La concentration sera variable selon le type de nourrissement : Sirop léger, proche du nectar= stimulation Sirop épais= provisions
Les sirops préparés :
La concentration s’exprime à l’aide de deux chiffres : (valable aussi pour les sirops achetés)
• le premier désignant le poids de sucre (en kg)
• le second , le volume d’eau (en litre : 1 litre = 1 kg)
soit un sirop contenant :0.5kg de sucre ,1 litre d’eau aura une concentration 0.5/1 et un pourcentage en sucre de 33%
soit un sirop contenant :1kg de sucre ,1 litre d’eau aura une concentration 1/1 et un pourcentage en sucre de 50%
soit un sirop contenant :3kg de sucre ,2 litres d’eau aura une concentration 3/2 et un pourcentage en sucre de 60%
soit un sirop contenant :2kg de sucre ,1 litre d’eau aura une concentration 2/1 et un pourcentage en sucre de 67%
Remarque : 1kg de sucre+1litre d’eau donne 1.6 litre de sirop qui pèse 2 kg Au-delà du rapport 2/1 le sirop recristallise partiellement lors du refroidissement ; les abeilles ne peuvent donc plus le prendre.
• Un sirop distribué tiède est mieux accepté.
• En dessous de 10° un sirop n’est plus pris par les abeilles.
• L’adjonction de miel le rend plus attractif, (attention au pillage .)
L’abeille réalise la transformation du saccharose en glucose et fructose et des études n’ont jamais montré que la prétendue fatigue occasionnée à l’abeille par cette opération était effective.
L’inversion du saccharose (transformation en glucose et fructose) par adjonction d’un acide (acide tartrique , acide acétique, à raison de 0.5gr /l)est possible mais partielle.
La rapidité avec laquelle une colonie prélève le sirop de nourrissement peut-être assimilée au test d’amassage et, de ce fait, peut donc être considéré comme un critère de sélection
Les sirops achetés :
Toutes les données précédentes sont valables pour les produits de nourrissement du commerce. Les sirops du commerce sont très nombreux et présentent les particularités de ne pas cristalliser, de ne pas provoquer de pillage, d’avoir une très forte concentration en sucres et surtout une consistance et une formule glucidique proches à ceux du miel. Bon nombre d’entre eux présentent aussi l’avantage d’être légèrement complémentés en protéines Le sirop de nourrissement pour abeilles contient généralement 75 % de matière sèche et 25 % d’eau pour une densité de 1,4/l. Un sirop spéculatif contient 50 % de matière sèche et 50 % d’eau afin de favoriser la trophallaxie (50/50 ou 1/1). Donc dans un litre de sirop que vous avez acheté, il y a 1,05 kg de matière sèche et 0,35 kg d’eau (ou 0,35 l). Vous rajoutez 0,70 l (0,7 kg) d’eau à 1 l de sirop acheté et vous obtenez un sirop qui contient 1,05 kg de matière sèche pour 1,05 kg d’eau (50/50 ou 1/1). Le mélange se fait mieux à 50 °C.
Le nourrissement spéculatif dope les abeilles en imitant une miellée. N’oubliez pas que, pour se développer harmonieusement, une colonie consomme aussi du pollen et qu’un simple sirop de sucre n’apporte ni les vitamines, ni les sels minéraux contenus dans le miel. Soit vous vous assurez que vos colonies possèdent assez de réserves en miel et pollen ainsi qu’un approvisionnement régulier, soit vous complémentez.
On peut différencier les sirops en 2 catégories :
Catégorie 1 : Les sirops à basse de sucres de betteraves ou de cannes à sucre : riches en saccharose et en glucose fructose selon leur degré d’inversion
Catégorie2 : Les sirops issus d’amidon de céréales (blé ,maïs) ou de pomme de terre :dits d’amidon saccharifié riches en maltose contenant plus ou moins de glucose et de fructose ;
Les produits du marché :
produit prêt à l´emploi, aucun ajout d´eau n´est nécessaire
forte teneur en fructose, consistance idéale
utilisation optimale de la nourriture grâce à son importante teneur en matière sèche
doté d´une grande stabilité microbiologique et d´une longue durée de conservation
transportable et utilisable dans tout type de récipient
Stockage rapide grâce à la composition équitable des abeilles
Les sirops maison fait à partir de saccharose sont long à préparer. Leur pH plus haut et leur potentiel osmotique plus bas les rendent sensibles à la fermentation. Les sirops conduisent aussi à plus de pillage. Les sirops du commence sont donc à haute teneur en fructose résultat de l’hydrolyse d’amidon de maïs (HFCS) ou de blé. L’amidon est transformé par des produits chimiques (NaOH, HCl) et des bactéries génétiquement modifiées produisant des enzymes comme l’α-amylase, et la glucoamylase, glucose isomerase. Ces sirops sont aussi utilisés dans l’alimentation humaine où ils conduisent à de nombreux problèmes comme le diabète et l’obésité. Ont ils des effets néfastes sur les abeilles ?
Les sirops fafriqués à partir d’amidon contiennent des doses variable de hydroxymethylfurfural (HMF). Ce composé est toxique pour les abeilles à partir de 250ppm. Il est facilement reconnaissable car il donne une teinte brune au sirop.
QUAND NOURRIR ?
Le nourrissement peut être réalisé entre le mois de juillet et fin septembre. Il est préférable de l’effectuer le plus tôt possible et de manière échelonnée (tous les deux jours) pour que la transformation et le stockage ne soit pas accompli par les abeilles d’hiver. En France, de nombreux apiculteurs ne nourissent pas les colonies faibles au mois de septembre considérant que ceci va à l’encontre de la nature. Quatre mois plus tard, ces mêmes apiculteurs donnent du candi à leurs colonies de peur de les perdre. Voilà ce qu’il ne faut surtout pas faire !! Il est préférable de donner un nourrissement suffisant en été pour ne pas avoir à fournir du candi aux colonies l’hiver. Les abeilles d’hiver, qu’il faut absolument "économiser", devraient transformer le saccharose et chercher l’eau pour dissoudre le candi. Le candi, riche en saccharose, nécessite un travail de transformation important. Jos Guth préconise un nourrissement de 8-10kg en Juillet puis de 6-8 kg le 15 Août et pour finir 4 kg vers le 15 septembre .
LE NOURRISSEMENT D’HIVER
Il peut être lui aussi fabriqué ou acheté dans le commerce. C’est un sirop très concentré (en général 7 kg de sucre pour 1 l d’eau) dont la cuisson entre 117° et 120° permet d’obtenir par refroidissement et brassage énergique une cristallisation fine, homogène et souple. Sa réalisation est parfois délicate : candi trop dur que les abeilles prennent mal ou trop filant qui risque de couler et d’engluer).
• L’adjonction de miel (environ 10%) lui confère une texture plus souple.
• Le candi n’a pas d’effet stimulant et n’incite pas au pillage.
• Il est consommé même par temps froid.
• Il se conserve bien.
On peut aussi réaliser un "candi à froid" en malaxant du sucre glace et du miel (proportions ¾ sucre ¼ miel) qui convient particulièrement bien pour les cages à reines (transport ou introduction de reines).Il s’agit d’ailleurs plus d’une pâte que d’un candi à proprement parler. Le candi du commerce est en général présenté sous sachet plastique plat de 2 kg ou 2,5 kg. Une ouverture de quelques centimètres est à pratiquer pour correspondre au trou nourrisseur. La transparence du plastique permet de suivre la prise du nourrissement. Certains contiennent un peu de miel, d’autres un certain pourcentage (en général inférieur à 10%) de compléments protéinés (protéines de lait, de soja, de levures).
En conclusion :
Quel sirop choisir ? Les sirops riche en saccharose épuisent -ils davantage les abeilles ? Le maltose est -il bien assimilé par nos avettes ? La réponse à ces questions n’est pas données par les études scientifiques qui sont encore trop peu nombreuses et incomplètes , non réalisées sur une durée suffisante pour conclure et sans tenir compte du traitement du varroa utilisé. Dans ces conditions le réflexe est d’essayer de se rapprocher au mieux de la nature , de tenir compte du prix et de l’importance de son cheptel . Chacun choisira donc selon ses critères .
l'appétence et le pillage pour ce sirop
Le nourrissement au candi nécessaire ou pas
La perte éventuelle (ruche morte ou reine absente)
la surface du couvain à la première visite et au début des premières floraisons et l’importance de la population (après ,cela n’a plus de signification pour l’évaluation du sirop ) .
Bien évidemment le climat et l’exposition des ruches sont à prendre en compte.
Sources :
•"Le nourrissement" Michel BOCQUET.
•"Le rucher de rapport" Alin CAILLAS.
•"Le nourrissement. Besoins alimentaires de la colonie" F. JEANNE Bulletin Technique Apicole Vol.19(1) et Vol.30(1).